SOLEIL ET SANTÉ

Des bienfaits méconnus

Les effets du soleil sur la santé sont globalement méconnus. Les sondages, en général organisés par les fabricants d’écrans solaires, montrent que plus de 80% des français pensent que l’exposition au soleil augmente le risque de maladies et notamment de mélanome.

Si l’exposition au soleil est effectivement liée à une augmentation du risque de certaines maladies, elle est également responsable d’une protection de notre santé dans des proportions infiniment supérieures.

Nous faisons le point sur ce que nous apprend la recherche scientifique en la matière.

  • Soleil et mélanome : le point sur une incompréhension
  • Revue des maladies liées à l’exposition aux rayonnements ultraviolets
  • Maladies liées à un manque d’exposition au soleil
  • Effets bénéfiques de l’exposition aux UV sur la réduction du risque de cancers
  • S’exposer intelligemment mais le plus régulièrement possible
  • Action de la vitamine D sur les cellules cancéreuses

Soleil et mélanome

Il est nécessaire de faire le point sur une incompréhension savamment entretenue dans l’esprit du public. Dans l’esprit du grand public, on associe fréquemment soleil et mélanome. Or il n’y a pas de corrélation entre exposition solaire et risque de mélanome comme le montre la carte ci-dessous. Non seulement il n’y a pas une corrélation entre l’ensoleillement et le taux d’incidence du mélanome mais les zones les plus ensoleillées ont même des taux d’incidence sensiblement inférieures à celles qui ont un ensoleillement plus faible. Ainsi, les régions présentant les plus forts taux d’incidence (supérieurs à 12/100 000) sont l’Alsace, la Bretagne et la Basse- Normandie. La Corse connaît les taux les plus bas de mortalité par mélanome : 1,6/100 000 pour les hommes et 1,0 pour les femmes.

Ce raccourci est donc une mauvaise compréhension des messages délivrés lors des campagnes d’information et de prévention sur le mélanome. Ces messages indiquent qu’il faut se protéger du soleil aux heures les plus chaudes, où le risque de brûlure est maximal.

Attention aux coups de soleil

Le principal facteur de risque associé au mélanome semble être, d’après de nombreuses études, les expositions intermittentes et intenses et également les coups de soleil sévères, notamment dans l’enfance (Afsse, InVS, Afssaps – Ultraviolets – Etat des connaissances sur l’exposition et les risques sanitaires – Mai 2005), ( Marsden JR, Newton-Bishop JA, Burrows L, Cook M, Corrie PG, Cox NH, Gore ME, Lorigan P, MacKie R, Nathan P, Peach H, Powell) (Bataille V. Risk factors for melanoma development. Expert Review of Dermatology 2009;45(5):533-539)

S’exposer régulièrement sans coup de soleil

Au contraire, l’exposition chronique au soleil est associée à un moindre risque de développer un mélanome (World Health Organization, International Agency For Research On Cancer. Vitamin D and Cancer. IARC Working Group Reports Volume 5, 2008). Ainsi, une exposition régulière, comme c’est le cas par exemple pour les travailleurs en extérieur, aurait au contraire, selon les études menées dans le monde entier, un effet protecteur sur le risque de mélanome.

La conclusion est que tout le monde doit éviter les coups de soleil et que l’exposition intense et intermittente (bains de soleil) devrait être évitée par les personnes à risque de mélanome : phénotype et phototype à risque (personnes à peau claire, aux cheveux blonds ou roux, avec des tâches de rousseur et sensibles aux coups de soleil), présence de nombreux grains de beauté, antécédents de mélanome dans la famille.

Les recommandations scientifiques anglaises ont été révisées de manière très claire : « Une exposition au soleil adaptée permettant la synthèse de vitamine D, ou des apports alimentaires suffisants en vitamine D3, est essentielle pour la santé humaine. L’insuffisance de vitamine D est reconnue aujourd’hui comme un phénomène répandu. Il serait donc inapproprié de limiter fortement l’exposition au soleil chez les personnes qui n’ont pas de facteurs de risque. » (B, Walker C; British Association of Dermatologists Clinical Standards Unit. Revised U.K. guidelines for the management of cutaneous melanoma 2010. Br J Dermatol. 2010;163(2):238-56).

Si la prévention du mélanome est importante et doit faire éviter les excès de soleil et inciter les personnes à risque à la prudence, fuir le soleil et les UV est un comportement excessif qui comporte des risques majeurs pour notre santé.

Maladies liées aux UV

Certaines maladies présentent un lien d’association négative avec l’exposition au soleil, c’est-à-dire que le risque de la maladie augmente avec l’exposition au soleil. Le mélanome malin ne fait pas partie de cette liste.

Le nombre de maladies et de décès par ces maladies est relativement limité. Ces maladies résultent en environ 5000 décès par an aux Etats-Unis, soit moins de 1% des décès par cancer.

Parmi les maladies on trouve le carcinome spinocellulaire de la peau (CSC), le carcinome basocellulaire de la peau (BCC), la kératose actinique, le coup de soleil, la cataracte corticale, le ptérygion, le SCC de la cornée et de la conjonctive, et l’herpès labial récurrent.

L’American Cancer Society (ACS) estime que les NMSC (non melanoma skin cancer) sont responsables de 1 500 décès par an aux Etats-Unis, dont beaucoup chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli. On estime également que chaque année aux États-Unis, plus d’un million de cas de NMSC est qualifié de hautement curables par l’ACS. Par conséquent, le risque de décès par ces lésions NMSC, pour la plupart inoffensives, est d’environ 0,0015, la plupart du temps survenant chez des hôtes fortement immunodéprimés.

L’exposition au soleil n’est pas le seul facteur corrélé au NMSC. Le tabagisme et l’obésité augmentent également le risque de NMSC.

D’autres maladies sont corrélées à une exposition au soleil plus élevée, qui dans certains cas entraînent la mort. Ces maladies sont tous des cancers mineurs, tels que le Cancer des glandes salivaires, le Cancer des lèvres (LC), la Leucémie myéloïde (ML) et la Leucémie lymphocytaire (LL).

Maladies liées à un manque d’UV

De nombreuses maladies présentent un lien d’association inverse avec l’exposition au soleil (c’est-à-dire que plus l’exposition au soleil est faible et plus le risque de la maladie est élevé).

Cela concerne environ 1,7 millions de décès aux Etats-Unis chaque année, soit 330 fois plus que de morts par maladies présentant une association avec une exposition élevée aux UV.

Les effets positifs de l’exposition aux UV sur la santé sont globalement connus du grand public pour ce qui concerne la santé des os, des articulations et des dents, ainsi que les effets positifs pour les femmes enceintes et les mères. En revanche, les effets bénéfiques sur la santé des enfants non encore nés est très peu connue du grand public.

En revanche, le grand public est globalement ignorant de la recherche scientifique sur les effets protecteurs du soleil sur de très nombreuses maladies tout comme sur les effets délétères d’une sous-exposition au rayonnement UV. La liste de ces maladies est absolument impressionnante :

  • un nombre très important de cancers : du sein, des ovaires, de l’endomètre, du colon, de la vessie, du cerveau, de l’œsophage, de la vésicule biliaire, du rein, de la bouche, du pancréas, du pharynx, de la prostate, de la thyroïde, du poumon ainsi que la leucémie, le lymphome, le mélanome malin, le myélome multiple
  • les maladies cardiaques et les maladies cérébro-vasculaires conduisant à une crise cardiaque et à un accident vasculaire cérébral
  • Les diabètes de type 1 et 2
  • la maladie d’alzheimer
  • l’autisme
  • la sclérose en plaque
  • l’asthme
  • les maladies inflammatoires de l’intestin
  • la polyarthrite rhumatoïde,
  • la grippe
  • le trouble bipolaire
  • la pneumonie
  • les infections des voies respiratoires
  • la septicémie
  • la mononucléose
  • la lèpre
  • la tuberculose
  • la dépression saisonnière
  • l’épilepsie
  • le trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention
  • les allergies
  • l’eczéma
  • l’insomnie
  • l’obésité
  • le psoriasis
  • les problèmes de fertilité et de dysfonction érectile

Il n’est pas question ici de faire un état exhaustif de la recherche sous-jacente à l’ensemble de cette connaissance. Elle est parfaitement rapportée dans l’ouvrage des Pr Pr Sorensen et Grant. Voir la vidéo ci-dessous :

UV et cancer

Deux études scientifiques par le Dr William B. Grant et par le Dr Cedric Garland font référence en matière de quantification des effets positifs de l’exposition aux UV sur le risque de cancer.

La première a été publiée dans le journal scientifique Cancer (American Cancer Society – équivalent de l’institut national du cancer). Elle est intitulée « An estimate of premature cancer mortality in the U.S. due to inadequate doses of solar ultraviolet‐B radiation » (NDLR : Estimation de la mortalité prématurée par Cancer aux Etats-Unis résultant d’une exposition insuffisante au rayonnement solaire).

Elle peut être consultée, en cliquant ici. La conclusion de cette étude est la suivante :

Les résultats montrent que la variation géographique du taux de mortalité aux Etats-Unis peut être attribuée à la différence d’exposition, au rayonnement UV B. De nombreuses vies pourraient être prolongées grâce à une augmentation de l’exposition aux UVB et à la supplémentation en vitamine D3 particulièrement en dehors des mois d’été.

La seconde a été publiée dans la revue Anticancer Research, Grant WB, Garland CF. L’association de l’ultraviolet B solaire (UVB) avec la réduction du risque de cancer: analyse écologique multifactorielle de la variation géographique des taux de mortalité par cancer ajustés selon l’âge. Anticancer Res. 2006 juil.-août; 26 (4A): 2687-99. Elle est consultable ici.

Elle confirme les résultats de la première en tenant compte des facteurs additionnels tels que la consommation d’alcool, de tabac, le lieu de résidence (ville ou campagne) ainsi que couleur de la peau et l’âge.

Vitamine D et cancer

La recherche a démontré certains des mécanismes d’action de la vitamine D sur les cellules cancéreuses. La vitamine a notamment pour effet de :

  • inhiber l’angiogenèse* autour des cellules cancéreuses.
  • favoriser l’apoptose dans les cellules anciennes ou anormales.
  • favoriser la différenciation des cellules cancéreuses.
  • inhiber l’invasion des cellules cancéreuses.
  • inhiber les métastases.
  • inhiber la prolifération des cellules cancéreuses.

*L’angiogenèse est la formation de vaisseaux sanguins pour fournir du sang et des nutriments aux tissus nouvellement formés. Si l’angiogenèse dans les cellules cancéreuses peut être arrêtée, les cellules meurent. La vitamine D agit comme un inhibiteur sélectif de l’angiogenèse – elle retarde la croissance de nouveaux vaisseaux sanguins nourriciers indésirables dans le tissu cancéreux sans affecter l’angiogenèse dans les tissus normaux. 

Comment s’exposer ?

La recherche a démontré certains des mécanismes d’action de la vitamine D sur les cellules cancéreuses. La vitamine a notamment pour effet de :

  • inhiber l’angiogenèse autour des cellules cancéreuses.
  • favoriser l’apoptose dans les cellules anciennes ou anormales.
  • favoriser la différenciation des cellules cancéreuses.
  • inhiber l’invasion des cellules cancéreuses.
  • inhiber les métastases.
  • inhiber la prolifération des cellules cancéreuses.