UV ET VITAMINE D

La vitamine D est en fait… une hormone ! Notre organisme la produit sous l’effet du rayonnement solaire et elle agit sur la plupart des cellules de notre corps. La vitamine D (ou plus exactement sa forme active 1,25-dihydroxyvitamine D) est une sorte d’interrupteur activant ou désactivant des gènes dans presque tous les tissus de l’organisme et régulant ainsi de nombreuses fonctions pour nous maintenir en bonne santé (Tavera-Mendoza L, White J. La vitamine du soleil. Pour la Science – n° 365 mars 2008).

Sources de vitamine D

90% de la vitamine D provient de l’exposition aux UV.

La vitamine D ne provient pas de l’alimentation. Ce sont les UV qui fournissent plus de 90% de notre vitamine D en déclenchant sa synthèse par notre peau (Holick F. Vitamin D : a millenium perspective. J Cell Biochem 2003;88:296-307.

Les aliments en contiennent peu (Esterle L. Vitamine D – des insuffisances à éliminer. Pour La Science- n° 405 juillet 2011).

Au sens strict, la vitamine D n’est pas une vitamine, il est plus approprié de la considérer comme une pro-hormone, mais le terme « vitamine D » est trop fortement ancré dans les esprits pour pouvoir le changer.

Effets de la vitamine D

Contrairement à ce qu’on pensait par le passé, ses effets dépassent très largement la prévention du rachitisme. Elle est en effet capable d’agir sur de nombreux tissus de l’organisme et d’influencer : la prolifération et la différenciation cellulaires, l’apoptose («mort » cellulaire qui serait un mécanisme de défense contre les tumeurs), les sécrétions d’insuline (diabète) et de rénine (tension), la production d’interleukines et la bactéricidie (défense contre les infections). Des données épidémiologiques et expérimentales sont en faveur d’un rôle protecteur de la vitamine D contre les cancers, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, auto-immunes, infectieuses, rénales et le déficit musculaire. Quelques études d’intervention confirment certains de ces effets.

(Courbebaisse M et al. Effets non osseux de la vitamine D. Med Sci (Paris) ; 2010 Apr ;26(4):417-21).

Alimentation et vitamine D

Une bonne alimentation ne suffit pas à couvrir nos besoins en vitamine D.

En effet, les aliments sont pauvres en vitamine D. Seuls 10% de notre vitamine D provient de l’alimentation. 90% de notre vitamine D est produite par la peau sous l’effet des rayons UV.
Mis à part les poissons gras, peu d’aliments contiennent naturellement de la vitamine D et il y a peu en France d’aliments enrichis en vitamine D.

<< Le Goaziou M, Dupraz, C, Martin A, Martinand N, Quinault P, Schott AM, Laville M, Contardo G. L’hypovitaminose D chez les femmes jeunes : une réalité sous-estimée. Cah Nut Diet 2009;44(6):264-72.

Holick MF, Binkley NC, Bischoff-Ferrari HA, Gordon CM, Hanley DA, Heaney RP, Murad MH, Weaver CM. Evaluation, treatment, and prevention of vitamin d deficiency: an endocrine society clinical practice guideline. J Clin Endocrinol Metab. 2011;96(7):1911-30).

Il faut donc souligner qu’une alimentation équilibrée avec consommation de produits riches en vitamine D tels que poissons gras, beurre et œufs, ne suffit pas à couvrir les besoins de vitamine D et qu’une exposition solaire adéquate est indispensable.

Chaine B. Carences vitaminiques. Mise à jour 2008-11. Thérapeutique dermatologique. http://www.therapeutique dermatologique.org/article.php?article_id=48. >>

Seuil normal de Vitamine D

Comme la vitamine D est produite essentiellement sous l’action du soleil, on ne peut pas, comme pour d’autres vitamines, estimer si on en manque en calculant nos apports alimentaires. Il faut donc, pour connaître notre « statut vitaminique D » la doser par une prise de sang. On ne la dose pas directement, mais une de ses formes, la 25-hydroxy-vitamine D [25(0H)D]. La mesure du taux de 25(0H)D est aujourd’hui une méthode très fiable pour évaluer les réserves de vitamine D à l’échelon individuel.

Audran M, Briot K. Analyse critique du déficit en vitamine D. Revue du rhumatisme 2010;77:139–143.

Néanmoins, des questions demeurent dans la pratique clinique quotidienne. Elles concernent les seuils considérés comme normaux ou plus exactement «souhaitables». Le seuil de 75 nmol/L est actuellement proposé comme une référence en termes de bénéfice osseux, mais des taux supérieurs pourraient être nécessaires pour l’obtention de certains effets extra-osseux.

Causes du << déficit >> solaire

L’être humain est, depuis des millénaires, acclimaté à une exposition au soleil variant régulièrement au rythme des saisons. Notre physiologie s’est adaptée et, sous nos latitudes, une peau claire permet de capter le maximum d’UV en hiver, puis de s’adapter grâce au bronzage pour modérer la pénétration des UV en plein été.

Avec l’industrialisation et le développement d’un mode de vie citadin, de plus en plus enfermé et protégé, notre rapport au soleil s’est modifié :

  • Les « filtres » se sont multipliés : vêtements plus ou moins couvrants selon l’âge, la saison, le milieu social et culturel, travail en bureau à l’abri de vitrages parfois filtrants, crèmes cosmétiques dont la proportion de filtres UV augmente sans cesse, filtres solaires à très hauts indices de protection.
  • Parallèlement, les vacances et le développement des transports aériens favorisent les changements brusques de comportement vis-à-vis du soleil : au lieu d’une exposition moyenne étalée sur l’année, l’individu subit des pics d’exposition intense liés aux vacances au ski, à la mer ou aux voyages dans des pays plus chauds

Afsse, InVS, Afssaps – Ultraviolets – Etat des connaissances sur l’exposition et les risques sanitaires – Mai 2005.

En quelques décennies, le rapport de l’Homme au soleil a été bouleversé : les périodes de carence solaire succèdent aux périodes de surexposition. Il nous faut donc :

  • nous protéger du soleil dans certaines circonstances,
  • nous exposer davantage aux UV quand notre mode de vie et/ou la saison créent un déficit d’exposition : le recours aux cabines d’UV trouve une place légitime en complément de l’exposition solaire insuffisante.

Carence en vitamine D

La France est carencée en vitamine D. En utilisant un seuil proche (78 nmol/L), Chapuy et al. ont établi que 75 % des adultes français ont une insuffisance vitaminique D en hiver.

Chapuy MC, et al. Prevalence of vitamin D insufficiency in an adult normal population. Osteoporos Int. 1997;7(5):439-43.

Le déficit d’exposition aux UV est un phénomène important à prendre en compte pour notre santé, car il engendre un déficit en vitamine D. La peau est en effet le seul tissu de l’organisme capable de fabriquer de la vitamine D3, sous l’effet du rayonnement UV, puis de la convertir en dérivés actifs. La vitamine D circule et agit dans tout l’organisme, à la manière d’une hormone, pour réguler plus de 1 000 gènes et ainsi renforcer nos os, stimuler nos défenses, limiter la prolifération de cellules anormales, etc. (Tavera-Mendoza 2008).

La prévalence de l’insuffisance et de la carence en vitamine D a fait l’objet d’une grande étude, dans le cadre de la cohorte nationale SUVIMAX.  1 569 personnes, âgées de 35 à 65 ans, vivant en milieu urbain et répartis sur l’ensemble du territoire national, ont été étudiées pendant une période allant de novembre à avril. Il a été clairement démontré que parmi la population étudiée 75 % des personnes présentent une insuffisance en vitamine D (vitamine D < 78 nmol/L ou 31 ng/mL) (Chapuy 1997).

Cette étude montre également une dépendance du taux de déficit en vitamine vis-à-vis de l’ensoleillement et de la latitude : les personnes dans le nord de la France seraient plus carencées que dans le sud. 

Enfin, l’étude a permis de mettre en évidence qu’il n’y a aucune synthèse de vitamine D par la peau en France entre les mois de novembre et mars faute d’exposition solaire suffisante et que la quantité de Vitamine D apportée par l’alimentation n’est pas suffisante pour contrebalancer le déficit de production en hiver (Chapuy 1997).

Plus récemment, une autre étude a été effectuée sur 196 femmes âgées de 19 à 49 ans en région lyonnaise et dans la Drôme Nord (latitude de 45°) sur une période allant du 1er janvier au 31 mars. Elle a permis de mettre en évidence que l’insuffisance en vitamine D est présente chez 96 % des jeunes femmes et que ce déficit n’est pas comblé par les apports nutritionnels (Le Goaziou 2009).

Quant aux hommes, l’une des rares études qui leur est spécifiquement consacrée en France retrouve 94 % d’insuffisance vitaminique D chez les hommes âgés de 19 à 59 ans vivant dans les Rhônes-Alpes et la Gironde. Ils sont 27 % à avoir une carence sévère (25(OH)D ≤ 30 nmol/l [12 ng/ml]) (Dupraz 2011).

La France est carencée en vitamine D. Ce problème de santé publique a pourtant des solutions simples, notamment de nous « réconcilier » avec le soleil et les UV en nous exposant davantage, régulièrement et sans excès.